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Je sais bien qu’il est illogique de recommander une série japonaise alors que je devrais pleinement m’immerger dans l’ambiance coréenne, mais depuis quelques mois, je suis obsédée par ce pays, et cela ne va pas en s’arrangeant avec mon voyage qui approche fin mars.
La série « Makanai : Dans la cuisine des maiko » a été un véritable coup de foudre qui m’accompagne quotidiennement depuis son visionnage, sans discontinuité.

Elle a été écrite par Kore-Eda Hirokazu (是枝 裕和), un Japonais né en 1962 à Tokyo, qui s’est fait connaître dans un premier temps par la réalisation de documentaires, puis des longs-métrages de fiction. Je n’ai jamais rien visionné d’autre produit par lui, mais j’ai ajouté sur ma liste d’attente son film « Les Bonnes Étoiles » (2022), réalisé en Corée et en coréen, qui traite le sujet délicat de l’abandon d’un nouveau-né, ainsi qu’un film réalisé en 2018 nommé « Une affaire de famille », où une jeune fille se fait adopter par une famille japonaise. Comme cela le laisse entendre, le réalisateur semble très intéressé par mettre en lumière la thématique de la famille, et cet attachement se ressent également dans « Makanai : Dans la cuisine des maiko », et me parle beaucoup.

On retrouve dans cette dernière le parcours de deux meilleures amies japonaises de 16 ans, qui quittent leur campagne pour se rendre à Kyoto et devenir apprenties geishas, ou apprenties maiko. Elles sont accueillies dans une maison nommée okiya où sont tournées la plupart des scènes et où dorment toutes les apprenties maiko, ainsi que les deux maitresses de maison. Il apparaît très vite que Kiyo doit abandonner son rêve en raison de son incapacité à suivre correctement le rythme imposé par l’apprentissage maiko, tandis que Sumire s’épanouit dans cet art ancestral.
Kiyo va donc se tourner vers le don légué par sa grand-mère, la cuisine, et faire ses preuves en tant que makanai, pour satisfaire les appétits de toutes les résidentes de l’okiya.
Et c’est tout. Je vous jure. J’ai résumé l’histoire et j’ai à la fois tout dit mais à la fois rien du tout. J’ai lu certaines critiques qui estimaient la série un peu creuse dans son scénario, ou un peu fade, mais pour moi, c’est là toute sa richesse. Il n’y aura aucun drama, aucun rebondissement, aucune compétition entre les deux amies-sœurs. Mais vous pourrez y observer beaucoup de soutien, beaucoup de douceur, de magnifiques plans de la cuisine de Kiyo et de gestes lents et mesurés de Sumire lors de son apprentissage maiko.
« Kiyo ?
– Oui ?
– Tu n’as pas de regrets du tout ? D’avoir déménagé à Kyoto ?
– Des regrets ? Pourquoi ?
– Et bien… j’ai été la première à exprimer mon souhait d’être maiko. Et si tu n’avais en fait jamais voulu l’être de ton côté ?
– Je pense… que je suis venue ici pour commencer en tant qu’apprentie maiko. Comme pour rencontrer ensuite mon vrai destin.
Elle rit.
– Oui… c’était ma destinée »
Dialogue entre Sumire et Kiyo, épisode 9
On y retrouve une palette de dons quotidiens, dans l’attitude de Kiyo qui ne se contente pas de faire à manger pour toutes les résidentes, mais qui se porte aussi volontaire comme confidente de chacune d’entre elles. Elle soigne les cœurs, les réconforte, s’adapte à elles. Sumire, de son côté, se rapproche de sa guide et responsable Momoko, et de la maîtresse de maison. Ces dernières nous livrent des récits emprunts d’une douce solitude, de questions sur l’amour, sur la famille, sur leur place en tant que geisha et dans cette vie en communauté.
J’ai apprécié ce paysage réaliste d’un environnement quasi-exclusivement féminin (et c’est aussi certainement pour ça que la série est si belle) où l’âge n’est pas un sujet, ou du moins pas un problème, chaque génération de maiko se montre forte, amoureuse, toutes les résidentes ont à apprendre quelque chose des autres. Bien qu’effectivement, quelques passages peuvent se montrer un peu longs, cette prudence participe selon moi à la sensation de confort que procure chacun des 9 épisodes.
Pour aller plus loin :

Bien sûr, les quelques rues de Kyoto filmées participent à cet indicible charme. Les couleurs y sont pastel, on parcours des rues pavées bordées de maisons traditionnelles, où le bois constitue les fondations, quelques temples où les japonais prient en silence, et autres délicatesses qui font fantasmer mon imaginaire. De même que j’aime observer la gestuelle coréenne, j’ai été éblouie par l’adresse dont faisait preuve la makanai, ou la maîtresse de cuisine Kiyo, tout comme les mouvements parfaitement maîtrisés des geishas.
Nous sommes transcendés par l’imagination de Kiyo lorsqu’elle cuisine ses plats, et tout semble si bon et réconfortant que les odeurs se transporteraient presque à travers l’écran. Les textures sont tour à tour fondantes, puis croquantes, les légumes utilisés font vibrer les plats de couleurs.
Par ailleurs, le rôle de la geisha tel qu’on le connaît (plus tourné vers la prostitution qu’autre chose concrètement) est ici un non-sujet. Seule la pratique de l’art ancestral est mis en avant, on souligne la difficulté d’aller au bout de la formation et la tenue irréprochable dont elle doit faire preuve. La série met en scène plusieurs hommes qui assistent aux traditionnels spectacles de danse et de chant, qui conversent de choses et d’autres avec les geishas, et c’est tout. Et c’est certainement mieux comme cela, puisque je ne suis pas certaine que la geisha mérite cette réputation occidentale.

Pour conclure, le plus plaisant dans tout cela aura certainement été l’amitié chérit par Sumire et Kiyo, d’ailleurs enviées (sans être jalousées, attention) par d’autres membres de la maison, pour réussir à se comprendre sans mot dire, et pour se compléter si bien.
Alors que la nouvelle année ici s’ouvre sous le signe du lapin d’eau, j’espère secrètement que nous aspirerons dans les jours à venir à plus d’entraide, de paix, intérieure et avec les autres, et à plus de sagesse, à l’image de ces deux amies.
Et si vous regardez cette courte série, n’hésitez pas à me le dire dans les commentaires et à me donner votre avis. Merci et à bientôt !
La série est disponible sur Netflix. Chacun des 9 épisodes dure environ 40 minutes.
4 Commentaires
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Ohwaw 와우
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Très intéressant, merci de nous faire découvrir une série sur laquelle je ne me serai jamais vraiment attardée !
Avec plaisir ! Ma passion de mettre en avant les petites pépites de ce genre. 🙂
C’est différent des images traditionnelles mais pourquoi pas !
Les sous-titres en français sont disponibles pour toi si tu le souhaites 🙂