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corée du sud
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« Monsieur ? Monsieur ? »
Ses paupières se soulèvent difficilement.
« Vous souhaitez le poulet au curry ou les pates au fromage ? »
Il répond presque automatiquement, les pates au fromage, s’il vous plaît, et on les lui tend. La même question est répétée dans une autre langue à son voisin de gauche, qui sursaute et se redresse sur son siège, et libère par la même occasion l’épaule de Jolan.
Ce dernier éprouve quelques difficultés à sortir de sa torpeur. N’était-il pas tombé juste avant de prendre l’avion ? Il a du mal à se remémorer la suite. Mais apparemment, il est là, il a réussi monter dedans, et pour cela, il éprouve un grand soulagement.
C’est un fouillis indescriptible dans son esprit mais puisque personne ne semble le regarder bizarrement, le notifier outre mesure, que peut-il faire d’autre que de profiter de son vol ? Il allume l’écran en face de lui. L’avion est à la moitié de son trajet. Il lance un film, qui se nomme Everything Everywhere All at Once. Les heures passent lentement. Il les subit en silence, coincé sur son siège entre ses deux voisins. Il a mal aux jambes.
À quinze minutes de l’arrivée, il jette un coup d’œil au travers des hublots et la surprise se crée : il peut observer des tas d’îles, de toutes les tailles, qui bordent la côte du pays. Il observe de gigantesques ponts qui relient certaines entre elles. Ce paysage lui creuse l’estomac d’excitation, il y est, son pays d’accueil est maintenant à quelques kilomètres seulement.
L’avion se pose.
Il arrive enfin devant les contrôles de sécurité, où son passeport doit être vérifié. L’homme paraît plutôt gentil, bien qu’il ne dise rien. Mais bientôt, le voilà qui s’adresse à Jolan dans une langue qu’il ne connaît pas. Ce dernier le regarde, tend timidement sa main pour récupérer son passeport, mais le contrôleur exécute un mouvement de recul et le passeport disparaît de l’autre côté de la cabine dans lequel il se trouve. L’ambiance monte d’un cran. Les sourcils se froncent, il interroge de nouveau Jolan, mais ce dernier a beau répondre en anglais qu’il ne comprends pas, l’échange ne se fluidifie pas. Le monsieur passe un appel téléphonique et fait signe à Jolan de se ranger sur le côté. Ce dernier attend la boule au ventre, en regardant les autres passagers franchir l’ultime barrière.
Quinze minutes plus tard, une jeune femme arrive et dans un anglais parfait qui le rassure, l’interroge.
« Sir, you never boarded the plane in France. How is it possible you’re finally here? »
Il se crispe. Bien sûr, il s’attendait à cette éventualité, mais vu que lui-même n’a pas de réponse à cette question, il pensait que l’explication logique était détenue par le personnel de l’avion. Ce n’est apparemment pas le cas, alors, en s’écoutant parler, et pris soudain par une vague de courage, il ment effrontément. En adoptant du mieux qu’il peut une posture détachée, il affirme :
“I took the airplane at the last minute. Since everyone was running so hard and fast, I think they forgot to register me ”.
“I took the airplane at the last minute. Since everyone was running so hard and fast, I think they forgot to register me ”.
Elle le regarde avec de grands yeux, très embêtée. Il répète son explication, consolide le tout avec quelques détails, s’oblige à y croire lui-même pour que le tout paraisse plausible. Elle transmet au monsieur de la cabine, qui regarde le passeport de Jolan suspicieusement, croyant peut-être y dénicher une identité de fraudeur. Près d’une heure plus tard durant laquelle le jeune homme trempe de sueur son tee-shirt jusqu’à son pull, on le laisse enfin franchir mais à regret la barrière, son passeport en main. Ce mauvais départ l’effraie, il se sent responsable et coupable sans vraiment comprendre pourquoi.
Il pleure sur un banc d’énervement et de peur. Personne ne s’arrête ou ne le regarde vraiment dans ce grand aéroport aux couleurs verte et beige, très aéré. Soudain il hoquette de rire à la vue d’un robot nettoyeur qui zizague entre les passants, et doit retenir son fou rire, tout aussi nerveux que ses larmes. Il se redresse, il est déjà tard, il lui faut trouver un taxi pour rejoindre son hôtel préalablement réservé, et il pressent déjà que cela va être une autre paire de manches.
Il s’avance et franchit la porte. Le froid et le vent glacials l’attrapent immédiatement et lui congèlent ses extrémités. Il se protège du mieux qu’il peut dans son manteau neuf acheté pour l’occasion et regarde son téléphone. – 18° sont annoncés en ce 11 janvier 2022. Un message automatique s’affiche à cet instant précis sur son téléphone.
« Bienvenue en Corée du Sud ! »
4 Commentaires
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Ohwaw 와우
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Comment a-t-il fait pour prendre l’avion, on veut savoir !
A quand le chapitre 3 ? 😊
C’est vrai ça, quand arrive ce fameux chapitre trois ?
Alors ça écoute ma playlist sur Spotify Marianne ? 😄
Alors comme ça on visite mon site en inconnu ?