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En grandissanT, les amitiés

En grandissant, on perd certains de nos amis qui étaient pourtant dans le paysage de notre vie depuis un long moment. Un jour on leur dit aurevoir ou même à bientôt, et on ne les revoit plus jamais.

Au détour d’un passage dans de très anciens albums photos sur mon disque dur, je me suis remémoré plusieurs passages de ma vie, où j’étais accompagnée de personnes avec lesquelles je n’échange à l’heure d’aujourd’hui, plus un seul mot. J’ai passé des heures, des jours, tellement de temps avec certaines personnes, et je ne les verrais peut-être plus jamais. Il y a dans cette pensée une douleur presque physique. Les rires, les corps. Comment se faire à l’idée que je ne verrai plus de mes yeux vus ce qui a été si tangible et important pour moi ?

Toutes ces personnes, ou presque, je serais contente de les revoir. Est-ce qu’il suffit de décrocher son téléphone pour demander à aller boire un café ensemble ? Est-ce que c’est encore possible ?

Cela ne soigne pas cette idée qui blesse mon cœur : nous nous sommes éloigné.e.s, c’est indéniable, nous avons consciemment choisi d’arrêter de nous parler. Par extension : C’est un échec. Autre extension : Je n’étais pas assez intéressante (je sais que cette pensée est irrationnelle et qu’elle ne prend pas en compte un élément très important de l’histoire : le fait que toute personne évolue différemment dans sa vie).

Et même si cela n’est fondé pour la plupart des cas sur absolument aucune animosité, il en résulte tout de même, que nous ressentons pour les un.e.s les autres une perte d’intérêt. Notre affection réciproque se désagrège doucement.

J’ai réouvert les conversations laissées à l’abandon. Parfois, je n’ai jamais répondu, parfois on ne m’a jamais répondu, et dans les deux cas, je ne sais pas pourquoi. Je ne me suis même pas rendu compte de cette absence. J’ai oublié, elle ou il a oublié, tout le monde s’en fiche. Dans certains cas, j’ai appelé, plusieurs fois, j’ai forcé dans nos conversations, senti une perte d’entrain de l’autre côté de l’écran, puis j’ai lâché l’affaire. Une amitié à sens unique n’a jamais devant elle un bel avenir. Et c’est ainsi que les éloignements débutent dans mon téléphone.

En traversant cette galerie de photos, j’ai écrit tous les noms de ceux que j’avais perdu (ou que je suis en train de perdre). Force est de constater que c’est un grand échec. Il y en a une quinzaine. Parfois, j’ai mis dix minutes avant de retrouver le prénom de la personne. J’ai perdu certains noms de famille à tout jamais.

Pour aller plus loin :

Je vous propose un podcast, réalisé par une Youtubeuse nommée Louanne, accompagnée de son ami Valentin.

Relations – Comment garder ses ami·es pour la vie ?
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Comment se faire de nouvelle·aux ami·es ? Comment entretenir ses amitiés à distance ? Comment changer d’entourage amical ?
Louanne, c’est le genre d’amie super à l’écoute et qui prépare des petits plats. En ce qui concerne Valentin, il a pas mal d’ami·es dans plusieurs sphères différentes mais chaque relation est bien distincte. Il en voit certain·es tous les deux jours, d’autres trois fois par an. Mais comment est-ce qu’on entretient une amitié sur le long terme ? Dans cet épisode, ce sont Louanne et Valentin les expert·es. Iels répondent elleux-même aux interrogations qu’on peut avoir sur l’amitié, en se basant sur leur propre expérience.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Doit-on remplacer ces personnes perdues par de nouvelles ? Peut-on sans cesse dans notre vie, peu importe notre âge, continuer à construire de nouvelles amitiés ? En arrivant en Corée, je me suis prouvé à moi-même que c’était possible, même en redémarrant tout de zéro, en arrivant dans un nouvel espace neutre, désertique. En janvier 2022, sur le sol coréen, je ne connaissais absolument personne, si ce n’est deux personnes avec qui j’avais échangé quelques messages pour préparer mon arrivée. Bien sûr le contexte social aide. Je travaille dans une entreprise française, donc je rencontre plusieurs potentiels amis facilement, qui parlent ma langue. De plus, le fait d’être loin ensemble nous rapproche. Mais six mois ont été nécessaires avant que je cesse de me sentir seule. Six mois également avant que j’accorde sincèrement ma confiance à quelqu’un.

J’ai remarqué que beaucoup de mes anciens amis garçons, ont cessé d’être amis avec moi à partir du moment où ils ont eu une petite copine. En quoi, et pourquoi cette nouvelle présence féminine a-t-elle impacté notre amitié ? Bien sûr, dans le cas des relations hétéros, je me suis rendu compte que ce sont les filles qui ont tendance à repousser toutes les autres filles autour de la personne qu’elles aiment. Et les garçons abdiquent avec cette nouvelle règle -règle qui, par ailleurs, disparaît l’exact jour où cette relation s’arrête-. Dans ces moments-là, les amitiés finissent toujours par se stopper, plus ou moins rapidement. Je me suis souvent sentie trahie, très triste, et dévalorisée par ces coupures. Avec le recul, ce sont les amitiés que je regrette le moins. Après tout, je préfère privilégier à mes côtés les personnes qui sont là pour apprécier sincèrement ce que je suis, sans conditions.

J’essaie de combattre ce sentiment de perte. J’ai suffisamment confiance en le chemin que j’emprunte et qui est certainement le bon ; j’en suis arrivée là et jusqu’ici tout va bien.

Pour aller plus loin :

Je vous propose un film, recommandé par mon amie Simine.

Compartiment N°6
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Ce film finlandais réalisé par Juho Kuosmanen, met en scène une jeune femme qui lors d’un long trajet en train va rencontrer un inconnu dans son compartiment. Ils vont durant ce laps de temps forger une amitié inexplicable, mais inexorablement, à durée limitée.

A contrario, je m’éloigne forcément de mes amis restés en France. Je dois développer à l’extrême tous mes points faibles. Répondre aux messages, continuer à prendre régulièrement des nouvelles, appeler et maintenir ce lien à distance. À distance, c’est bien là tout le problème. Mais d’un autre côté, cela me permet de prendre un certain recul sur certaines amitiés qui ne marchent que lorsque nous sommes ensemble physiquement. Lorsqu’il m’apparaît facile de maintenir ce lien, lorsque cela ne me coûte quasiment aucun effort, alors banco jackpot. La bonne nouvelle, c’est que cela se produit plus que je n’aurais pu le penser. Ainsi mon cœur s’apaise de connaître ces personnes. Je me sens chanceuse et privilégiée.

Bien sûr, d’autres amitiés fonctionnent très bien même sans prendre de nouvelles régulièrement. C’est beaucoup le cas pour mes amies d’enfance. Il n’y a rien d’alarmant là-dedans. On sait que l’on s’aime.

Je crois que j’ai perdu beaucoup de copains parce que j’ai changé, parce que j’ai appris avec le temps à mieux reconnaître mes besoins. Parce que je suis devenue plus égoïste également. Je me rappelle certaines situations où j’ai juste ghosté pour me sauver de relations toxiques, ce qui arrive aussi en amitié. D’autres où j’ai privilégié mon confort, mes temps de pause, plutôt qu’une amitié. Et même si je me suis sentie coupable, cela a été tout de même préférable que d’avoir à me forcer. Avoir moins d’amis me pose également moins de problèmes, je préfère privilégier la qualité, parce que je n’ai de toute façon pas le temps de gérer la quantité. Et je me sens mieux ainsi. D’ailleurs, l’avantage de grandir, c’est aussi d’avoir de plus en plus rarement des amitiés qui posent question.

Pour ma part, je prends encore plus de plaisir à donner de mon temps et de mon énergie aux personnes en qui je crois, en qui j’ai confiance. Parce que l’on se connaît mieux soi-même, on se trompe moins dans son entourage. On se retrouve tout naturellement aux côtés des personnes avec qui l’on s’harmonise le mieux.

Je garde de bons souvenirs d’amitiés finies. Encore aujourd’hui, je m’attends à ce que d’autres s’estompent aussi bientôt. Contrairement aux années précédentes, peut-être qu’il me sera plus facile de les laisser partir ?

4 Commentaires

  1. ChenapanScientifique

    Franchement Marianne, j’adore cette pensée que tu as eu 🙂

    Me concernant, je pense que certains amis sont la pour la vie. Même si tu ne les vois pas, tu sais qu’au moment ou tu vas les recontacter, ils seront bienveillants avec toi et aurons gardé leur lumière.

    D’autres sont juste des compagnons de fortune, qui sont la sur le moment et avec qui on partage tellement mais ils n’arrivent pas à sonder notre fond. Et on ne le voit pas sur le coup… d’où la confusion.

    Au final – relativisons, peux-tu imaginer à l’époque pré-technologique des amis qui attendaient 6 mois entre chaque lettre ? 🙂 ou des familles qui se perdaient de vue pendant des années…?

    Réponse
    • marianne-d19@live.fr

      Je suis totalement d’accord. Avec un peu de recul (et de maturité ? Peut-être ?) je trouve même que les relations nouées avec ces « compagnons de fortune » ont une certaine beauté et un charme unique qui peuvent nous apporter quelque chose de différent. Il faut de tout pour nous créer entièrement. Merci pour ton retour 😀

      Réponse
  2. Alban

    Très intéressant ce petit aparté 🙂 T’as essayé Copains d’avant ? 🫠

    Réponse

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