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Mon voyage à Sokcho solo

Je ne savais pas quel jour nous étions lorsque j’ai décidé, à l’aube du troisième matin, de rendre mes vacances intéressantes.
Élucubrations (pour la rime) et pérégrinations dans la forêt de Seoraksan.

La forêt de Seoraksan est classée telle une des plus belles de la Corée. C’est un titre que je trouve mérité, mais je vous laisse en juger par les photos que vous trouverez à la fin de cet article. Je suis partie trois jours à Sokcho, une petite ville en bord de mer pour me ressourcer après une semaine épuisante côté travail. J’y vais franco, Sokcho, c’est claqué au sol. Il est difficile d’y voir des plages, celles atteignables sont moches, le tout se résume en un grand port et des ponts, des ferrailles, des magasins quelconques, et cerise sur le gâteau, c’est pollué.

J’y ai tout de même trouvé trois intérêts : la ville est petite, il n’y a pas de grands immeubles, ce qui m’a reposé de Séoul. En découle le second intérêt, c’est relativement calme, voir vide. Enfin, la ville est proche du parc de Seoraksan, le bus 7-1 fait la navette entre les deux. Depuis le début j’étais très entousiasthe à l’idée de profiter d’un break automnal. Je me répétais à moi-même « tu es seule, tu fais ce que tu veux, à tes horaires, avec ton argent, sans règle aucune ». Mais voyez-vous, prendre soin  de soi n’est pas malheureusement pas inné chez tout le monde.

J’ai éprouvé beaucoup de difficulté à relâcher la pression du travail. Il faut dire que recevoir mes mails et des messages via la messagerie Kakao n’a pas aidé. Je pensais à mes projets, j’étais inquiète, attendez, pire, j’avais envie de travailler pour me sentir productive. Le mercredi était dédié au trajet. Le jeudi, je suis allée me faire masser dans l’après-midi, j’ai culpabilisé d’avoir dépensé mes 65000 W parce que, selon moi « je ne l’ai pas mérité », effectivement « je n’ai rien fait de la journée ». Le massage était pourtant super. Je me suis presque endormie (d’ailleurs vraie question, les nerfs des pieds sont-ils directement reliés au cerveau ?) mon esprit nageait dans un petit nuage doux. Ensuite j’ai mangé, j’ai culpabilisé parce que je n’ai pratiqué aucun sport dans la journée, et que c’était un peu cher. Voilà, en un claquement de doigts, se sont écoulés deux jours où j’ai passé plus de temps à me livrer un procès mental plutôt que de profiter.

 

Je n’ai pas de réponse à apporter quant à pourquoi je n’arrivais à relâcher la pression. Mais voici un étalage de tout ce qui m’est passé par la tête pendant ma marche à Seoraksan. Je vous replace dans le contexte. Ce matin, nous étions vendredi, je me suis levée, pas trop tard, j’ai bu un café et mangé des petits gâteaux dans une boulangerie coréenne, puis je suis partie en direction du parc. Il y avait un peu de monde mais pas trop, l’entrée était de 3000 W pour les adultes je crois. Les couleurs de l’automne persistaient notamment au croisement du départ de toutes les randonnées. J’ai suivi les conseils de cet article, ainsi, si vous souhaitez des informations utiles et concrètes sur Seoraksan peut-être vaut-il mieux vous fier à cet article plutôt qu’à mes élucubrations… Pour ma part, j’ai démarré d’un pas sûr vers le chemin nommé Ulsan Bawi, parce qu’il semblait que ce soit la randonnée la plus impressionnante. Le début n’était pas si difficile, mais le dernier kilomètre était d’un autre niveau. Que des marches très raides à flanc de montagne. La vue s’est livrée au fur et à mesure. Comme guide, une gigantesque falaise de granit m’a sévèrement observé grimper du haut de ses 873 mètres exactement. En tout, la randonnée s’est entendue sur 4,3 kilomètres à l’aller. Si les couleurs de l’automne n’étaient plus tellement présentes à cette altitude, le brouillard y apportait un charme supplémentaire, enroulant tel un châle délicat le haut des montagnes. J’ai souvent eu, pour ma part, la sensation du vertige, du fait des marches assez étroites et de la hauteur à laquelle je montais.

Le décor est-il assez implanté ? En chemin, je me demandais si j’avais envie de partager ce que je voyais et vivais avec quelqu’un d’autre. Parfois je marchais très vite et je me disais « AHA je vais à la vitesse que je veux », ou j’appréciais de prendre mon temps comme 20 minutes pour trouver la photo parfaite à mes yeux. Je râlais très peu, je veux dire, bien moins que quand je suis accompagnée bizarrement. Je savourais mon bonheur, you rock girl (haha… hahaha elle est bien celle-là non ?) j’étais heureuse d’être seule au fond du monde, dans un paysage qui m’époustouflait, j’étais fière de m’être levée le matin et d’être partie chercher les montagnes.

En chemin, je pensais, ce qui est difficile, ce n’est pas de monter cette montagne seule, ce n’est pas de faire ce chemin, mais c’est de trouver l’énergie de le faire pour moi-même, de faire chaque pas parce que sincèrement j’apprécie ce que ça m’apporte.

Je ne le fais pas pour le partager avec quelqu’un, mais parce que dérouler ce chemin ME fait du bien. Je ne me lève pas parce que quelqu’un a décidé qu’aujourd’hui, on irait se promener, mais parce que j’ai décidé que cette promenade m’apporterait quelque chose à moi et à moi seule. Faire les choses, même les plus bénignes, pour soi, ce n’est parfois pas facile. Il m’est arrivé de juger sans retour les personnes qui ne sortaient qu’entre amis, en couple, qui se sentaient incapables de partir en vacances seules, ou même de vivre seules au quotidien, mais j’ai commencé à réaliser, combien je comprennais ce comportement.

Selon les cas, la solitude peut peser ; pour moi ce n’est pas le cas. Je suis une solitaire et vous le lirez encore dans d’autres articles. Ce à quoi je pensais à ce moment-là, c’était à la difficulté que l’on peut éprouver à soin de soi quand on est seul. Vivre des expériences à deux, ou plus, c’est facile, profiter de la vie sans culpabiliser quand on est plusieurs à s’y soutenir, c’est ordinaire. Je pense à mes deux meilleures amies avec qui j’ai passé la plupart de mes vacances. Je suis à dix mille lieux de réfléchir à quoi que ce soit de ces questions existielles lorsqu’elles sont là, car je suis bien trop occupée à profiter, faire des activités concrètes, m’occuper d’elles (coucou Ninon et Kytana). Seule, je passe des heures sur les écrans parce que personne ne me rappelle que je dois arrêter et je n’ai aucune volonté de prendre soin de mes yeux, de mon moral, de mes heures de sommeil. Parfois j’oublie que j’ai le droit, même seule, de profiter.

Au delà de ça, les solitaires peuvent aussi se confronter à d’autres difficultés s’ils souhaitent prendre soin d’eux. Je pense que c’est un problème de société. Alors que cette dernière observe les pluriels avec bienveillance, les singuliers, eux, sont vus comme des énigmes. Elle ou il s’accorde un massage seul ? Quel intérêt ? Elle ou il mange dans un restaurant seul ? Mais quel intérêt ? Elle ou il part randonner seul ? Mais quel intérêt ?

Savez-vous combien de personnes seules j’ai pu croiser sur mon chemin ? Proportionnellement, je dirais 10%. Proportionnellement également, je dirais que 70% des regards étaient interrogateurs, d’autres étaient compatissants, d’autres encore pas spécialement agréables. 

Tadim tadoum me voilà redescendue du mont Ulsan Bawi et vu que ma journée avait commencé -relativement- tôt, j’avais donc le temps d’enchaîner sur une deuxième randonnée, toujours dans le parc de Seoraksan. Je précise que ce dernier s’étend sur plus de 400 000 m2, autant vous dire qu’il y a à faire. Dans le fameux article cité précédemment, la balade vers les Biryong Falls était « vraiment facile ». Alors là, petite pause, mon mal de jambes ce soir est catégorique : c’est presque aussi difficile que la première montée, surtout en continuant vers la deuxième cascade nommée Towangsong Falls. Mais tout le monde continue évidemment, c’est sur la route, et faire la moitié d’une balade pour ne jamais en voir le sommet, c’est contre-productif. Avant d’arriver à la chute, un pont tout en fines lignes relie un bout à l’autre de la montagne. Honnêtement les sensations en le foulant sont tout à fait vertigineuses d’autant plus que si plusieurs personnes marchent dessus en même temps, il bouge. Au-delà de ça, il possède un charme fou. Des petites piscines naturelles aux couleurs turquoise et argentée nous accompagnent lors de la montée.

Après l’arrivée à la cascade, la route -pentue il faut le dire- vers Towangsong Falls nous élève au-dessus des nuages et des arbres. Supposément, nous sommes censés admirer à la fin une gigantesque cascade, mais je n’en ai pas vu une goutte (et je répète, je suis allée au bout).

Je suis bien rentrée chez moi et j’écris cet article directement pour ne rien en oublier. Pour clôturer cette belle journée, mon ami coréen m’a envoyé un goûter via Kakao talk -oui messieurs dames, en Corée du Sud, envoyer en cadeau de la nourriture par messagerie, cela se fait- parce que nous sommes… le 11/11, soit un jour béni pour moi mais d’autant pour les jeunes coréens, qui ce jour là, offrent des « Pepero » aux personnes à qui ils tiennent, qui est un snack recouvert de chocolat, ressemblant au nombre 1.
La boucle est bouclée.

En tout cas, merci pour votre lecture, comme d’habitude les commentaires sont ouverts.

À bientôt !

4 Commentaires

  1. Lola & Nicole

    Et bien voilà. Nous avons visité ton site et lu tous les articles que tu proposes.
    Bien venu, celui sur Jean JULLIEN, qui nous a permis d’apprécier un artiste que nous ne connaissions pas.
    Ta page d’accueil est très belle.
    Nous avons souri à la lecture d’ « une touriste en hiver « :
    Diable !! que de turbulences dans tes états d’âme !
    Des cheveux blancs, des rides … ciel !
    Nous voilà inquiètes… mais…
    Quand tu seras de retour dans nos modestes (mais jolies ) contrées, tu pourras te défouler sur nos innombrables sentiers de randonnée ! et te refaire une jeunesse.

    Réponse
    • marianne-d19@live.fr

      Chères Nicole et Lola,

      Quel plaisir de vous lire, merci pour votre commentaire. Je posterai régulièrement si vous voulez suivre mes aventures. On se voit bientôt !

      Réponse
  2. Alban

    Alors déjà tout simplement : BRAVO (again, j’en poste ici et là en guise de reminder, et puis ça décore un peu c’est sympa ^^).
    Bravo pour le projet, pour sa réalisation, le travail de patience, d’introspection et d’expression que, j’imagine, ça représente. Et je suis très sûrement loin de me figurer vraiment l’investissement personnel que ça implique (sur les plans technique, intellectuel et également émotionnel).
    Et aussi : MERCI
    Merci parce que je le prends un peu comme un cadeau de Noël avant l’heure 😀 C’est inspirant sur la forme, sur le fond, et aussi la démarche en elle-même, qui donne un peu plus envie d’échanger et de partager.
    (en plus je trouve qu’on commençait à être un peu limité au niveau du nombre de réseaux sociaux à disposition, ça sera bien d’avoir celui-ci en plus).
    A te lire encore et encore !

    Réponse
    • marianne-d19@live.fr

      C’est marrant que tu parles d’alternative aux autres réseaux sociaux, car c’est aussi exactement dans cette dynamique que je me suis lancée dans ce blog.
      Ton commentaire me très chaud au coeur. Merci de m’avoie lue 😀

      Réponse

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