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Pourquoi J’AI ÉTÉ ATTIRÉE PAR LE minimalisme

En 2015, Fumio Sasaki, auteur et éditeur japonais, publiait une sorte d’essai, manifeste, livre de développement personnel qui prit très rapidement une ampleur phénoménale dans le monde entier. Six ans plus tard, j’ouvrais ce best-seller, poussée par l’intuition qu’il pourraît me révolutioner moi aussi. Retour sur le comment et pourquoi de cette découverte. 

Cet été 2022, je suis rentrée chez moi, dans le Lot en France. J’étais super excitée en arrivant. Ma maison s’apparente pour moi au lieu le plus sûr et sain sur cette terre, et j’avais besoin de me reposer dans cet endroit tranquille, entre la campagne et mes objets et souvenirs d’enfance qui me ramènent à un confort absolu.
Je vous la fais courte, après quelques heures et mes bagages posés dans ma chambre, l’enthousiasme est vite redescendu quand je me suis rendu compte que mon environnement avait quelque chose de louche. En fait, un tiers de mes affaires avaient disparues.

Au compteur, des albums jeunesse que je relisais inlassablement à chacun de mes retours, ma collection de perles avec laquelle je continuais de me fabriquer des bracelets, deux postes de lecteur cassettes, d’autres livres, mon sac d’école de l’époque rempli de photos et de mes magazines W.I.T.C.H., quelques rares cours que j’avais conservé précieusement, et autres joyaux inestimables à mes yeux.

J’ai mal réagi. Ça m’a créé un grand choc et une nouvelle peur s’est enclenchée, que je ne pensais pas avoir à confronter de si tôt. J’ai un rapport aux objets extrêmement délicat. Je nomme tout, mon environnement matériel est ma communauté la plus proche, je porte une attention élevée au bien-être de chacun d’entre eux, j’aime l’ordre et la propreté, et mon niveau de compassion est bien plus important pour ces associés que pour le vivant avec les plantes comme exception.

Quand j’avais douze ans, j’ai vécu un déménagement. Parce que j’ai manqué d’explications et de temps pour comprendre cet énorme changement, une brèche en moi s’est ouverte et ne s’est jamais refermée. Je la transporte avec moi en permanence tel un petit sac. Ce n’est pas grand-chose un petit sac ; mais est-ce que vous connaissez cette sensation de liberté quand on part de chez soi les mains aux poches en tee-shirt short et claquettes ?

Prenez-moi pour une folle, mais je pense à cet appartement plusieurs fois par jour, je revis les scènes de mon enfance, j’y associe bonheur, confort et sécurité en fantasmant les lieux. Je scanne mentalement chaque pièce avant de m’endormir pour ne jamais en oublier les détails.
Cela étant, nous ne sommes pas là pour parler de ma santé mentale, mais maintenant que le contexte est posé, vous comprendrez que je redoute quelques éléments dans la vie ; le changement (dit-elle, exilée en Corée…), les surprises, l’arrachement avec un lieu ou un objet, le désordre.

Au cours de mes études et de mes jobs, j’ai eu plusieurs appartements, que j’ai le temps venu dû laisser avec toujours beaucoup de peine, qu’ils mesurent douze mètres carrés ou 30. J’ai toujours porté un soin poussé à l’extrême à chacun d’eux, je suis d’une maniaquerie inégalable, tout est à sa place, propre, rangé, au millimètre.  

En parallèle, j’ai demandé à recevoir le livre L’essentiel, et rien d’autre. Ou comment le minimalisme peut vous rendre heureux, écrit par Fumio Sasaki. Auteur Japonais, il est devenu un des maîtres du minimalisme dans les années 2010. J’ai au fond de moi depuis le départ de chez mes parents une curiosité infinie pour cet art. Comme une intuition endormie que m’y intéresser, pourrait me faire beaucoup de bien.

J’ai ouvert ce bouquin, et j’ai soudainement compris pourquoi ; si je n’ai pas d’attaches, je suis intouchable. Accumuler me rend anxieuse et vulnérable. Je redoute les coups de la vie et mon statut d’expatriée fait que je suis confrontée au transport de ma maison régulièrement. Cela coûte cher, cela fait peur, cela m’absorbe une énergie immense. Je n’ai pas mon permis, et puis je ne suis qu’un corps. Je n’aime pas l’idée d’être un corps et deux malles, quatre valises et des sacs à la main.

Or, voyager dans un pays présuppose la découverte de trésors culturels auxquels il est dur de résister. J’ai déjà accumulé pas mal de choses, mais avec le recul l’utilité en est assez limitée. Comme je travaille dans le secteur du livre, j’ai récupéré une belle quantité d’entre eux, dont je sais par avance que j’aurai du mal à m’en séparer. Il y a peu j’ai donc dressé une liste mentale de tout ce que je devais en priorité garder et ce dont je pouvais me séparer. Réparties sur la surface de mon appartement, il n’y avait pas tant d’affaires, mais une fois regroupées, le volume était impressionnant. La première étape était de jeter, vendre, donner. J’ai fait un impressionnant tri et comme je suis bien trop flemmarde j’ai tout donné.

J’entame ici ma transition vers un très bon livre, mais avant cela j’ouvre mes questions.

En en parlant autour de moi, je me rends compte combien il est difficile pour tout un chacun de se séparer des objets qui nous entourent. Est-ce que vous avez un lieu à vous où tout entasser ? J’envie par exemple ma sœur d’avoir acheté un appartement pour cette raison : ses affaires sont en sécurité. regroupées. Est-ce que vous angoissez aussi à l’idée d’avoir certains de vos biens chez vos parents ou dans un ailleurs autre que chez vous ? Accumuler vous fait-il peur ? Pour les bibliophiles comme moi, comment s’en sort-on ?

Fumio Sasaki était un ancien « maximaliste ».  Je vais beaucoup le citer, parce qu’il a justement sû trouver les mots justes pour expliquer son fonctionnement de vie. « Mon logement […] était dans un désordre indescriptible. […] Mes livres s’empilaient sur les étagères. Il s’agissait pour l’essentiel de livres que je n’avais feuilleté qu’une fois ou deux en me disant que je les lirais un jour ou l’autre. » Comme nous sommes beaucoup à entasser les vêtements, objets de décoration, ou anciennes passions, le but de cet ouvrage est de prendre conscience qu’accumuler ne nous même pas au bonheur, et que par conséquent « se dépouiller de ses affaires est bien davantage q’un simple exercice de tri : cela permet de réfléchir à ce qu’est le vrai bonheur ».

Il définit un minimalisme comme « un double processus qui consiste, d’une part, à réduire ses biens au minimum et, d’autre part, à en finir avec le superflu de façon à se concentrer sur ce qui est vraiment essentiel. »

Dans notre environnement sociétal actuel, nous avons acquis que notre valeur réside principalement dans les biens que nous possédons.  Connaître sa vraie valeur, c’est finalement avoir toutes les clés en mains pour devenir minimaliste. Essayons de ne pas se réduire nous-même à du matériel. L’auteur évoque l’importance qu’il attachait au regard de l’autre. S’il conservait une énorme bibliothèque à l’entrée de son appartement, c’est qu’il voulait donner l’image d’un homme fort cultivé, telle une vitrine de son identité. De même pour ses équipements professionnels de photographie, sa chambre noire, sa guitare électrique et son ampli. Il avait tout, mais n’était jamais rassasié. Conditionnés comme nous le sommes à n’en n’avoir jamais assez, nous nous lassons à vitesse grand V de ce que nous acquiérons sans pour autant nous délester des « vieux » achats. De plus, posséder peu est signe de pauvreté, et cela peut nous couper du reste de la société. Il faut apprendre à se détacher de ce jugement de l’autre, se faire confiance. Faut-il vraiment rester ami avec celui qui ne nous juge que par la quantité de nos biens ?

Fumio Sasaki nous livre ensuite ses conseils pour tendre vers le minimalisme. Voici quelques-unes de mes idées préférées : « il n’y a aucun objet que vous regretterez d’avoir jeté », « organiser n’est pas minimiser » « considérer les magasins comme des entrepôts personnels » « Vous ne vous rappelez pas de tous les cadeaux que vous avez offerts ? Alors, ne vous forcez pas à conserver ceux que vous avez reçus. » J’en passe, et des meilleures. Au final, en appliquant beaucoup de ses conseils, que je relis régulièrement pour ne pas me laisser de nouveau déborder, je me rends compte que je suis plus libre. Libre d’esprit, un porte-feuille plus rempli, une gain de temps, moins de vices, plus d’énergie, moins de stress quotidien. Personnellement, j’ai aussi trouvé une autre technique pour « rassasier » ce plaisir que j’ai à acheter dans les magasins. J’offre. Par la même occasion j’achète ce que je trouve beau, ce que j’aimerais avoir. Je sais que c’est un peu sournois car si tout le monde devenait minimaliste, cela ne marcherait pas. Mais dans le mesure où ce mouvement est encore peu répandu, admirer les objets chez les autres suffit largement à mon bonheur. Et le plaisir d’offrir est inégalable.

Au delà de ça, je trouve l’art du minismalisme particulièrement esthétique et graphique. Vous pouvez fermer les yeux. Vous projeter dans les maisons traditionnelles Minka au Japon, ou un Hanok en Corée. Peu d’objets, du bois ou du verre, des couleurs mates apaisantes, quelques vêtements unis, un futon propre et confortable. De l’espace, avec rien. Votre portable et votre téléphone regroupent l’essentiel de ce que vous ne souhaitez pas oublier, tout est sauvegardé. Je pars en mars au Japon, et je n’ai qu’une hâte, m’inspirer de ces lieux et m’y reposer. 

Je suis curieuse de votre avis sur la question. Les commentaires sont ouverts. Merci pour votre lecture !

Pour trouver le livre, une lecture que je vous recommande très fortement, n’hésitez pas à vous rendre dans votre librairie la plus proche. Exilés coréens, j’ai un exemplaire à vous prêter ! Merci à Jaehoon qui a bien voulu être mon modèle pour cette série de photos 🙂 

7 Commentaires

  1. Angéline

    Un article super intéressant qui a donné à la maximaliste des petites sueurs froides haha
    J’ai tellement de difficulté à trier, jeter ce qui m’appartient, ces objets que j’utilise peu ou pas mais que j’associe à des trésors. L’ambivalente que je suis voudrait un jour réussir à accéder à cette vie simple et minimaliste… et en même temps, je rêve d’avoir une maison avec une grande bibliothèque où tous mes livres seraient réunis.
    En tout cas, bravo pour écrit

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    • marianne-d19@live.fr

      J’espère que je ne fais culpabiliser ni toi ni personne haha !
      Mais si cet article peut t’aider ne serait à te changer 3% de ton quotidien pour te sentir mieux alors tu m’en verras ravie 😀
      Merci pour ton commentaire !

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  2. Rémi

    Bravo

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  3. Sœur Perdulphine de la charité

    Nous avons pris connaissance avec curiosité et intérêt de tes réflexions sur le minimalisme.
    Dans cette période d’abondance, il est bon de rappeler que, si le plaisir d’offrir se conjugue avec celui de recevoir, il est très agréble (et même de plus en plus impératif) de partager et de donner.
    Accumuler devient indécent. La jeunesse en prend de plus en plus conscience heureusement et nous donne, à nous les anciens, des leçons de tempérance.. Nous devons savoir qu’avec nos habitudes indécentes de consommation, nous hâtons l’effondrement qui devient inéluctable.

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  4. Enimis

    Très bon article qui donne envie de lire Fumio Sasaki ! Peux-tu nous faire un sous-article avec des conseils pour commencer la transmutation minimaliste ? Signée une personne en besoin urgent de désintoxication consumériste

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    • marianne-d19@live.fr

      Merci à toi pour ton commentaire ! Nous pourrons reparler de mon approche complète, mais voici quelques conseils que je peux te donner pour démarrer :
      Supprime régulièrement tout ce que tu n’as pas touché dans ton appartement depuis quelque temps. Tes vêtements, tes livres, les petits objets décoratifs sur tes commodes…
      – Je te conseille de très régulièrement nettoyer. Attention, ranger n’est pas suffisant. Si certains éléments gênent ce ménage, questionne leur présence dans ton lieu de vie.
      – Garde en tête que tu n’es pas esclave des objets qui t’entourent. Comme dit Fumio Sasaki eux ne payent pas de loyer. Toi oui, donc ton bien être reste prioritaire. S’ils ne t’apportent rien de particulier et surtout si les avoir avec toi ne te crée aucune étincelle, alors tchao.
      – Tu peux travailler sur le détachement du regard de l’autre.
      Sois fière de porter du vieux, questionne toi sur ta propre valeur en dehors des objets qui t’entourent.
      – Pense au plaisir de vivre ‘léger‘. En cas de déplacement, de pépin, es-tu dans la capacité de constituer en 5 minutes une valise ?
      – Dernière recommandation : achète moins, mais de meilleure qualité ! 🙂

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