Accueil

corée du sud

la vie, cette culture

je suis

Séoul découvre Mona Chollet
Mona Chollet découvre Séoul

J’adore mon travail, surtout quand celui-ci consiste à accueillir une autrice féministe le temps d’une semaine, à Séoul.
Libérer la parole, c’est un travail de longue haleine, les coréennes et coréens l’ont bien compris.

Depuis dix mois en Corée du Sud, j’ai commencé mon nouveau travail.
Je suis dans le long apprentissage du contrôle des émotions, comment ne pas réagir à chaud, ou pleurer de rage. C’est très dur parce que c’est quelque chose avec lequel je suis beaucoup plus à l’aise que brosser les gens dans le sens du poil pour obtenir ce qu’in fine je souhaite.

Alors quelle ne fut pas ma fierté quand, pour la première fois de cette année, j’ai réalisé une petite révolution tout en lenteur, patience, réflexion et avec une touche de finesse.

Vous savez, mon travail consiste, en partie du moins, à faire venir des autrices et auteurs français.e.s qui ont été traduit.e.s en Corée, pour leur faire rencontrer le lectorat coréen. C’est une manière de croiser les points de vue coréens-français, de mettre en lumière des thématiques importantes pour les deux pays. Cette idée m’enchante et honnêtement en ces quelques phrases je pense bien décrire là mon job idéal : organiser la venue d’auteurs et autrices pour parler culture et société, dans un pays étranger, croiser deux opinions et faire naître des débats. Mais attendez, et maintenant, si je vous disais… que mon secteur a invité Mona Chollet ? Et qu’elle vient d’arriver hier ?

Okay, faisons ici une pause au cas où il y  aurait quelques personnes parmi mes lectrices et lecteurs qui ne connaissent pas cette auteur (non je rigole haha…), donc cette autrice. Mona Chollet est née en Suisse. Journaliste de formation, elle a écrit plusieurs essais publiés aux éditions de La Découverte notamment Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique ou encore Sorcières. La puissance invaincue des femmes, un best-seller qui a beaucoup remué la société française. Largement documenté, il retrace l’histoire de ces femmes considérées comme des sorcières pour diverses raisons, chassées depuis le XVIe siècle. S’ensuit d’une réflexion féministe sur la place de la femme actuelle dans la société (réflexion qui a libéré un tas de personnes). Arrive ensuite Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles. J’oublie Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine publié en 2012. Son dernier livre est cette fois-ci paru chez Flammarion et s’intitule D’images et d’eau fraîche. Mona Chollet y parle du plaisir de collectionner les images (super nul résumé mais c’est un beau-livre et ça a l’air d’être un très bel ouvrage. Habitants des librairies françaises, n’hésitez pas à aller le découvrir pour moi).

Moment auditif capuré à la librairie Dear Life

Supposément, je dois faire beaucoup de jalouses, jaloux, si je vous dis que j’ai reçu Mona Chollet en Corée. Nos simples mails échangés pour l’organisation en amont m’émouvaient. Vous savez, vous lisez une autrice, vous avez pleuré sur certaines de ses phrases qui vous ont délivré, vous l’avez offert à tous vos amis et vous en avez rabâché les oreilles de votre entourage, alors oui, j’étais émue. Et puis je suis allée la chercher à l’aéroport. Dès le début, elle s’est montrée curieuse de la Corée du Sud, me posait des questions sur ma petite vie ici, et j’étais intimidée. Nous avons commencé les rencontres aujourd’hui (à l’heure où j’écris nous sommes jeudi soir. Elle ne repartira que lundi matin) et entre deux rencontres, nous avons échangés des impressions, sur le pays, sur ses expériences en tant qu’autrice et journaliste, nous avons parlé féminisme (!!!) et parfois je faisais des arrêts sur images. Je respirais. J’avais l’impression de finir un puzzle. De mieux comprendre pourquoi j’étais là, pourquoi je faisais ce métier.

Nous avons rencontré des étudiantes coréennes, notamment des universités Ewha et Hankuk. Elles étaient touchées par le sujet et bien que la parole se libérait difficilement, parfois, au moment des dédicaces, elles se confiaient à Mona sur une expérience, un ressenti, certaines avaient lu le livre en coréen et l’avaient beaucoup apprécié.

Il est vrai que beaucoup étaient des étudiantes, et non des étudiants. Je regardais ces personnes et j’étais d’une part, admirative d’elles, d’autre part, galvanisée de voir que le féminisme soudait nos esprits même à l’autre bout du monde. Un peu triste aussi. Car le féminisme se doit d’exister d’un bout à l’autre du monde. En Corée, certains hommes manifestent contre les femmes (vous pourrez en lire davantage sur cet article de France Info) et les maigres privilèges que ces dernières réclament à juste titre. Aux dernières news, mais je peux me tromper, l’écart salarial était de 32 ou 34% (également, vous pourrez obtenir des chiffres sur la dernière partie de cet article du Figaro « À l’origine des inégalités, le confucianisme ») Tenez-vous bien, avec le nouveau gouvernement mis en place en 2022, le Ministère de l’Egalité des Sexes et de la Famille a failli être supprimé. Bien sûr que les coréennes sont impactées. Mona Chollet me fait rencontrer des personnes en colère. Des femmes qui s’inquiètent aussi. 

Nous sommes le 08 novembre 2022. J’ai un petit coup de blues, Mona est repartie direction le Japon pour y continuer sa tournée. Je me relis. Après ces premières impressions écrites précédemment, j’ai pu écouter encore davantage de femmes et quelques hommes venues la rencontrer lors de ses conférences. Beaucoup de questions ont été posées, les coréennes ont mis en lumière l’envie commune de se battre contre la société patriarcale du pays. Je laisserai dès que possible ici les vidéos de deux de ses passages dans des très belles librairies séouliennes, la librairie Dear Life et l’imposante et inévitable librairie Starfield au COEX. À la fin de certaines rencontres, quand s’en venait le temps des questions, certaines femmes remerciaient Mona Chollet pour son intervention et lui disait le bien que cela leur avait fait, à quel point cela les avait motivées ou enhardies. J’insiste sur ce point car c’est pour moi tout l’intérêt de cette tournée.

Dimanche Mona avait enfin une journée off, nous sommes donc parties à deux visiter Séoul. Mon plan se distinguait en trois étapes : Le palais de Changdeoggung, et son secret garden, le Gwangjang Market, coloré et épicé, surpeuplé de nourriture comme de personnes, puis le village traditionnel Bukchon, avec sa célèbre rue étirée en toits de hanoks. Nous n’avons rien raté, le tout sous un solide soleil pour un mois de novembre en Corée. Nous avons même eu le temps de découvrir un nouveau café aux pâtisseries françaises (une rareté) dans lequel je lui ai demandé de me dédicacer un de ses ouvrages. Le temps était bon comme dirait l’autre.

Pour aller plus loin :
Article écrit par
Oh Jeong-hun, journaliste à l’agence de presse Yonhap, Mona Chollet : «Les femmes sont plus désavantagées que les hommes», 06.11.2022.

Si vous avez des questions sur la situation en Corée ici je m’efforcerai de vous répondre au mieux. Concernant le travail de Mona Chollet, je lirai bientôt Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles (maintenant qu’il est dédicacé !) et j’en ferai ma chronique dans la partie « culture ». Également, certaines de ses réflexions ont fait écho à mon propre vécu et m’amèneront certainement à développer certains sujets, notamment celui de la maison et de la vie en couple, que je classerai chez « Je suis ».

Merci pour votre lecture !

2 Commentaires

  1. Ninon

    Vivre de sa passion…rien de plus beau
    Si fière de toi Marianne

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mona se promène à Changdeoggung

Ohwaw 와우

Tous droits réservés – Design Marianne Desportes
저작권 소유 – 디자인 마리안 데스포트